La série emblématique Still Water (The River Thames, for Example) de 1999 montre plusieurs instantanés de la Tamise. La couleur et la texture de la surface de l’eau varient étonnamment d’une photo à l’autre : les couleurs vont du noir au bleu et du vert foncé au jaune kaki. Le mouvement des marées et le jeu de la lumière influencent la texture de l’eau de manière différente sur chaque cliché. Horn retrouve dans les photos de la rivière la même complexité que dans un portrait.
Quand on y regarde de plus près, on distingue de petits chiffres qui semblent flotter à la surface de l’eau. Ils renvoient aux notes de bas de page qui figurent sous les photographies. Ils obligent le spectateur à regarder attentivement pour ressentir la puissance et les dangers de l’eau. Certaines notes de bas de page relatent des anecdotes liées à la Tamise, notamment des cas de suicide. Ces observations alternent avec des références à des films, des paroles de chansons et des sources littéraires, notamment des romans de Joseph Conrad, Charles Dickens et William Faulkner ainsi que des poèmes d’Emily Dickinson.
Still Water (The River Thames, for Example) est une œuvre qui nous invite littéralement à aller voir plus en profondeur, au-delà de ce que nous avons sous les yeux. L’œuvre s’intéresse, en outre, au thème de l’eau, qui revient sur plusieurs sites du parcours d’After Paradise. Non seulement dans les œuvres (cf. aussi : Vladimir Nikolic), mais aussi dans le paysage que sillonne l’exposition. L’ancien musée Broel (aujourd’hui connu sous le nom de BK6), qui se dresse le long d’un des bras de la Lys, constitue le décor idéal pour la présentation de Still Water (The River Thames, for Example) de Roni Horn.
Il accueille aussi l’œuvre de Felix Gonzalez-Torres (1957-1996). Felix Gonzalez-Torres et Roni Horn ont fait connaissance au début des années 1990. Chacun avait un profond respect pour le travail de l’autre. Ils se sont liés d’amitié, ce qui a notamment débouché sur la création d’œuvres qu’ils se sont mutuellement dédiées.