29.06—06.10.2024
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TRIENNALE KORTRIJK OPBOUW 043

Every Love Story Is a Ghost Story, 2024

Pei-Hsuan Wang, TW

Avec Every Love Story Is a Ghost Story, l’artiste Pei-Hsuan Wang, basée en Belgique, présente un nouveau projet solo ambitieux à l’espace de projet rhizome_. Cette installation intégrée propose un récit polyphonique sur l’appartenance et l’hybridité. L’artiste utilise l’idée du changement de forme comme métaphore pour décrire ses expériences migratoires et celles de sa famille à travers différents continents. Son œuvre, fortement influencée par la parenté transnationale, reflète le voyage de Taiwan aux États-Unis et en Europe. La perspective diasporique est encore enrichie d’ éléments du folklore et de la mythologie d’Asie de l’Est, présentés avec une certaine espièglerie et un grand sens de l’esthétique.

Au centre de l’installation : un autel en bois où des objets et des sculptures issus de diverses confessions côtoient les œuvres personnelles de Wang. La scène renvoie à une œuvre vidéo antérieure, Like Paradise, où un temple bouddhiste thaïlandais dressé dans la campagne de Hong Kong « adopte » des sculptures d’autres religions abandonnées dans le jardin du sanctuaire. L’exposition est le fruit d’une longue recherche dans les présentations de musées (Museum M, Louvain et le Warren Anatomical Museum de la Harvard Medical School à Boston, aux États-Unis), la collection de la ville de Courtrai, les brocantes, les moulages de l’Academie Kortrijk, l’intérieur de l’ancien couvent des Carmélites, les collections de propriétaires privés et la collection personnelle de Wang. Chacune des sculptures a sa propre histoire et sa propre origine. Citons, par exemple, les références à Norma et Normman, deux modèles anatomiques réalisés au début des années 1940 par l’artiste Abram Belskie et l’obstétricien Robert Latou Dickinson. Les deux sculptures étaient censées représenter l’homme et la femme américains « moyens ». Or la collecte des données ne s’est concentrée que sur des hommes et des femmes blancs de peau. La collection est complétée par des images originales de l’artiste. L’autel inclut notamment les 12 animaux de l’astrologie chinoise, représentés comme des vaisseaux, évoquant des offrandes et une cosmologie cyclique.

Quand on observe le reste de l’espace, on découvre de plus en plus d’éléments qui dévoilent l’histoire que Wang veut raconter. Un exemple : les extrémités des pièges à mouches, qu’on voit souvent sur les comptoirs des bouchers de Taïwan, sont fabriquées à partir de rubans de signalisation utilisés pour marquer les limites ou les zones dangereuses aux États-Unis. Si elles font référence au passé de rhizome_, qui servait autrefois de blanchisserie pour l’hôtel d’en face, les machines à laver adressent aussi un clin d’œil subtil au choix de carrière pratiquement systématique des migrants asiatiques aux États-Unis. L’une des machines à laver renferme un sac en plastique blanc avec un motif rouge. Cependant, au lieu du logo chinois habituel des restaurants chinois à emporter, il présente une image personnalisée de l’île de Penglai, un paradis mythique censé détenir le secret de la vie éternelle. Dans la deuxième machine on peut voir des mouchoirs sur lesquels sont brodés les différents mots d’un passage bien connu du livre Parable of the Sower (La Parabole du semeur) d’Octavia E. Butler : « All that you touch / You Change. / All that you Change / Changes you. / The only lasting truth / Is Change. / God Is Change.» Dans l’œuvre de Wang, l’extrait n’est cependant complet qu’une seule fois, puisqu’une nouvelle composition de texte se forme à chaque tour de machine. Une troisième machine à laver fait tourner deux peluches hérisson, dansant comme des partenaires de tango et évoquant l’exposition de Wang Ghost Eat Mud (2022, Kunsthal Gent), qui présente un train jouet hérisson en marche qui relie les thèmes de la vitesse et du progrès à l’obsession d’un enfant pour Sonic the Hedgehog. La dernière machine à laver est, de prime abord, complètement vide. En réalité, elle renferme des secrets d’amour que l’artiste lui a chuchotés. À l’instar du tambour métallique vide, ces secrets sont ouverts à l’interprétation.

Le papier peint avec des bandes fantaisistes de rose et de bleu est inspiré d’une aquarelle de la nièce de Wang. Cette scène est un clin d’œil aux « JPEG pour personnes âgées » : des images kitsch et rêveuses avec des textes de vœux populaires dans les discussions de groupe parmi les générations âgées d’Asie de l’Est.

L’espace arrière accueille une vidéo dans laquelle un petit garçon, le neveu de l’artiste, dépeint une histoire épique à travers des sculptures qu’il réalise avec de la pâte à dumplings. À l’arrière-plan, on aperçoit la mère de Wang en pleines tâches ménagères dans la cuisine. Wang a choisi d’inclure cet extrait en référence à la plus jeune génération qui héritera du monde de demain. Ce n’est pas un hasard si elle a symboliquement placé la vidéo sur un fort de boîtes qui servent à transporter .

L’œuvre de Wang se lit comme un récit continu, à laquelle vient constamment se greffer un nouveau chapitre. Elle expose ainsi deux sculptures en céramique qui ont servi à mouler les deux gardiens en bronze de l’œuvre Al Met Der Tyd, une paire de sosies intimement liés, qui sont actuellement exposée à la Triennale Beaufort. Pour l’artiste, cette installation s’inscrit aussi dans le prolongement de son exposition précédente, Ghost Eat Mud, au Kunsthal Gent. Le titre de ce projet renvoie à une expression cantonaise qui fait allusion à des pensées confuses et transmises de manière incohérente. Il s’agit, en un sens, d’une métaphore générale du travail de Wang. L’installation de rhizome_ livre des motifs et des références d’une manière tout aussi non linéaire. L’artiste parvient ainsi à créer un espace propice à une interaction féconde entre plusieurs cultures, traditions et symboles. C’est la poésie d’un message très complexe qui se dévoile au visiteur tel un coffre au trésor qui se découvre lentement.

23 artistes présentent des œuvres inspirantes dans des sites uniques de la ville historique de Courtrai

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